Je m’appelle Emilie, j’ai 37 ans et j’habite dans un appartement dans le quartier de Villejean à Rennes.
Je suis allée à l’école maternelle à Vern sur Seiche avec ma sœur, puis en classe intégrée à Rennes. C’était une classe d’enfants trisomiques dans une école « ordinaire ». Mais cette classe ne donnait les résultats entendus par mes parents alors je suis retournée vers l’école ordinaire dans mon quartier pour faire mon CP et mon CE1-CE2.
Edson et Erwann de l’APAJH 35 m’accompagnaient à l’école. En plus du soutien scolaire, ils m’ont appris beaucoup de choses, comme prendre les transports en commun, cuisiner… Ils m’ont permis aussi de faire de nombreuses sorties culturelles comme aller au cinéma.
Après mon CE1-CE2 je suis allée à l’IME Espoir à Rennes jusqu’à 20 ans.
Ensuite je suis allée au lycée Saint Paul à Vannes. En alternance 2 jours je travaillais dans la restauration collective et 2 jours j’allais à l’école. C’était une classe pour jeunes trisomiques dans un lycée privé « ordinaire ». J’ai fait des stages dans la restauration scolaire à Redon, dans un Foyer pour personnes âgées à Vannes et à Vern sur Seiche et ça m’a beaucoup plu.
Après Vannes j’ai eu mon premier contrat en CDD à la Cantine de Vern sur Seiche, c’était en 2007. J’ai signé un CDI en 2010. J’étais contente.
Depuis je travaille toujours à la Cantine de Vern sur Seiche où je fais de la mise en place à la cantine de l’école, je prépare les tables avec la vaisselle, les serviettes en fonction du nombre d’enfants qui mangent le midi. Je mets en place la desserte pour que les enfants débarrassent et je prépare les pichets d’eau. Pendant le service je surveille que les enfants ont assez de verres et ensuite qu’ils débarrassent bien leur table.
Une fois que les enfants sont partis, je dépose la vaisselle à la plonge, je range mon poste de travail, je le nettoie et je prépare la journée du lendemain.
Je travaille 4 jours par semaine. Je commence à 10H30 le matin et je termine à 15H. Je ne travaille pas le mercredi ni les week-ends ni pendant les vacances scolaires.
J’ai une dizaine de collègues avec qui je m’entends bien. Certains me connaissent depuis que je suis toute petite alors c’est plus facile. Ce qui me plait dans ce travail c’est que je suis autonome, je sais ce que je dois faire et personne n’a besoin de m’aider ou me surveiller.
Ce qui plait le plus c’est le contact avec les enfants.
Je voulais depuis longtemps habiter dans mon appartement. Je m’entends bien avec mes parents mais je voulais mon indépendance.
J’en ai parlé avec mes parents et ils ont été tout de suite d’accord, pas en autonomie totale ni en institution non plus. Ils souhaitaient que je puisse être accompagnée et pas isolée.
On a recherché un organisme ou une association qui proposait ce type de logement mais c’était difficile et ça a pris du temps.
Mes parents ont lu dans le journal un article sur l’association AGIR qui parlait de son projet et ils ont pris contact avec eux.
C’était le début de ma nouvelle vie !!
Après presque 3 ans d’attente j’ai emménagé dans mon appartement.
Nous sommes 6 à vivre dans les logements de l’association AGIR « Ty Mozaïk » dans le quartier de Villejean
Le SAAD 35 m’apporte toujours du soutien scolaire. Emmanuelle vient le jeudi soir et le vendredi soir pour m’aider à cuisiner et à prendre soin de mon appartement.
Avec les autres locataires des appartements nous faisons des activités le mercredi. Dernièrement nous avons fait un grand miroir en mosaïque.
Nous faisons aussi des sorties en journée comme à Cancale ou au lac de Tremelin.
Si j’ai besoin je peux solliciter Morgan de l’APAJH qui est présente toute la semaine et le soir jusque 21h. Il y a une présence d’AVS d’un autre organisme pour nous aider à préparer le repas le soir.
Si j’ai un problème la nuit, il y a une télésurveillance dans mon appartement
Mes parents sont rassurés, et puis je peux les appeler aussi quand j’ai besoin, ils n’habitent pas trop loin.
Je n’ai pas envie de changer de travail car j’aime bien ce que je fais. J’aimerai bien prendre un appartement totalement autonome en collocation avec mon amie Cécile. On pourrait être aidées par un SAVS par exemple. J’aimerai pouvoir accueillir mes petites nièces en vacances chez moi sans leurs parents. Mon rêve s’était de vivre sans l’aide de mes parents et j’y arrive petit à petit même si c’est difficile pour mon papa et pour maman. Je suis très heureuse.
